À la recherche du liber cambium

C’est à croire que le soleil avait été commandé exprès pour cette matinée dédiée au prélèvement du liber cambium, substance active aux vertus ultra hydratantes utilisée dans la conception de la gamme PÉTRASÈVE® de La Chênaie, récoltée une fois par an dans la forêt des Bertranges.

L’expédition était prévue depuis une petite semaine. Vu la météo de ces derniers jours, vêtements de pluie et bottes étaient largement conseillés. Mais, c’est bien le soleil qui nous faisait de l’œil en cette douce matinée de lundi. Rien de tel pour commencer la semaine que d’aller faire un tour en forêt. Objectif du jour : récolter 10 kilos de liber cambium. Nous sommes quatre.

Le coup de la plane

Départ de Murlin, direction la parcelle 327, sur la commune de Saint-Aubin-les-Forges. David Dautelle, responsable des espaces verts chez Charlois, est le maître de cérémonie. Distribution des planes et des sachets destinés à recevoir le fruit de la récolte du jour. Quelques instructions nécessaires avant de démarrer. « On ne prélève que sur des arbres déjà couchés et sur des chênes sessiles* uniquement ». David se met à cheval sur un tronc en bord de route, saisit la plane de ses deux mains. « Dans un premier temps, on va enlever l’écorce en faisant attention de ne pas aller trop profond. On caresse le bois. L’inclinaison de la plane est importante à ce moment précis ». Enlever juste ce qu’il faut d’écorce pour arriver à la substantifique moëlle, le liber cambium, de teinte légèrement rosée, c’est à ça qu’on la reconnaît. « Il faut dégager une surface suffisamment large pour ensuite pouvoir prélever des bandes de liber cambium, des bandes de quelques millimètres d’épaisseur entre l’écorce et l’aubier ». Incliner la plane, mais pas trop, entrer dans l’écorce du bois et tirer doucement l’outil vers soi. Ça a l’air simple comme ça, à regarder faire ceux qui ont l’habitude.

La démonstration par l’exemple

Il n’y a rien de tel. Je repère l’arbre qu’il me faut, je pose ma cape de pluie et m’assois sur le tronc, les conseils de David en tête. Je prends ma plane, tend les bras au maximum, pose mon outil contre l’écorce, je l’incline un minimum pour enlever l’écorce. Je tire sur mes bras pour ramener l’outil vers moi, je sens une certaine résistance. Ce n’est pas si facile que cela en avait l’air. Plusieurs tentatives seront nécessaires avant de prendre le coup de main. Un sentiment de fierté m’envahit lorsque je prélève ma première bande de liber cambium. Quelques gouttes de sueur perlent sur mon front. Ce n’est que le début. Je repense à cette formule « il faut souffrir pour être beau ». Je m’aguerris au maniement de la plane. Le sac se remplit petit à petit. Il en est de même pour ceux de mes collègues qui ont un peu, voire beaucoup, d’avance sur moi.

1 kilo à la pesée

Retour au camion pour la pesée du sachet. Les premiers récoltés contiennent entre 1 et 2 kilos du précieux bois dont sera extrait la sève. Je pose le mien, 700 grammes. Pas assez. J’y retourne, alors que j’ai déjà mal aux bras, avec l’idée de dépasser le kilo. Je change de tronc. Et le même geste, toujours. Quatre épisodes de prélèvement ont lieu chaque début d’année. Aujourd’hui, il s’agit de la dernière campagne. 40 kilos auront été prélevés et transformés au labo à Murlin. « On ne fait qu’une campagne par an pour cet extrait. Plus tard dans la saison, il y aura les bourgeons, en mars ou avril, puis les feuilles au mois de mai. » Pour l’heure, les kilos nécessaires pour la campagne ont été récoltés. Les sacs sont marqués, datés, pesés, identifiés. Le mien affiche 1,198 kilos. Satisfaction du devoir accompli. Direction le labo pour la livraison. Le pressage à froid du fruit de la récolte aura lieu le lendemain. À suivre…

Stéphane Ebel

*Des chênes, rares et précieux, dont 100% de la matière sera valorisée en merrain pour la production de barriques pour les vins et spiritueux, en traverses de chemins de fer ou paysagères, en bois d’œuvre ou autres produits pour l’œnologie.