Acte II Arrivée de Jean-Baptiste Colbert dans la Nièvre
17 octobre 2019
Il y a 360 ans, le 16 octobre 1659, Colbert s’adresse à Mazarin depuis la ville d’Entrains-sur-Nohain pour lui indiquer qu’il se trouve « à présent dans la visite du duché de Nivernois, dont l’estendue et la beauté sont encore plus considérables qu[‘il ne se] l’estoi[t] imaginé »*. Ce déplacement fait suite à l’acquisition du duché de Nevers par le cardinal Mazarin (11 juillet 1659) qui missionna Colbert pour expertiser le potentiel du duché et en prendre, quelques jours plus tard, officiellement possession.
Colbert comprit rapidement l’intérêt stratégique du duché qui comptait plus de 200.000 hectares de forêts dont une part importante de chênes. Le chêne constituait en effet à l’époque la matière première indispensable à la construction des vaisseaux de marine et au développement des forges pour les besoins de l’armée.
Colbert indique dans cette lettre qu’il ne pourra mener à bien les réformes qu’il souhaite engager dans la province qu’à condition de nommer un nouvel intendant : « il est impossible que je puisse exécuter beaucoup de choses qui sont importantes et que j’ay préméditées, qu’en me servant de l’intendant de la province, et que M. de La Barre, qui l’est à présent, n’est pas un instrument propre pour m’en servir comme il est nécessaire […]. En sorte que, estant bien important que Vostre Éminence donne quelques marques qui fassent connoistre à ces peuples qu’elle veut les considérer comme ses sujets, il faut commencer par leur oster cet intendant et leur donner un plus homme de bien que luy, à quoy il n’y aura pas beaucoup de peine. » Colbert n’obtint pas entière satisfaction sur ce point car Antoine Lefevre de la Barre fut intendant de la généralité de Moulins, qui comprenait alors l’élection de Nevers, de 1659 à 1661. Colbert mena malgré tout avec succès les réformes nécessaires à la réorganisation et à la mise en valeur du duché du Nivernais.
* Jeune homme, Colbert passa une partie de l’année 1640 dans le duché du Nevers en tant que commissaire des troupes en Nivernais, commis du secrétaire d’État à la guerre.
Visuel : Portrait de Jean-Baptiste Colbert par Philippe de Champaigne et extrait de la carte de Cassini