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Abécédaire des chênaies de France

Cîteaux, où les chênes parlent aux sangliers

30 avril 2019

Comme son nom l’indique, cette forêt dépendait autrefois de l’abbaye de Cîteaux, fondée en 1098 et placée sous la protection des ducs de Bourgogne. Mais ses richesses et l’étendue de son domaine attirent les convoitises.

Paru en octobre 2018, le livre Le Chêne en majesté, de la forêt au vin met en lumière le concept de terroir forestier : un sol et une exposition, une pluviométrie particulière, un ensoleillement spécifique, auxquels il faut ajouter un type d’essences, une densité de plantation et un âge moyen, qui vont influencer le grain et la qualité du bois. La valeur d’une haute futaie de chênes dépend donc de son terroir et de la manière dont elle a été « conduite », dirait un vigneron, ou « gérée », dit l’expert forestier.

Le livre, richement illustré de photographies, dresse notamment, à travers un abécédaire forestier offrant aux lecteurs de nombreux détails géographiques, mésoclimatiques, géologiques et historiques, la liste de vingt-six chênaies parmi les plus belles de France, à l’image de la forêt de Cîteaux.

 

Comme son nom l’indique, cette forêt dépendait autrefois de l’abbaye de Cîteaux, fondée en 1098 et placée sous la protection des ducs de Bourgogne. Mais ses richesses et l’étendue de son domaine attirent les convoitises. Elle est régulièrement pillée et la Révolution fait basculer ses biens dans le domaine public. L’héritage des moines laisse cependant un massif forestier qui couvre aujourd’hui 3 600 hectares et un ensemble viticole exceptionnel, après plusieurs siècles de sélection des cépages et des parcelles. Les vins du clos de Vougeot ou de Meursault ne sont pas que des vins de messe.

Forêt domaniale de type continental située à l’est de Nuits-Saint-Georges, Cîteaux est gérée par l’ONF et fait partie des sites classés Natura 2000 pour la valeur de sa faune et de sa flore. Le chêne sessile y est dominant, aux deux tiers, à une altitude moyenne de 225 mètres pour une pluviométrie de 750 millimètres. « Les sols sont limoneux et argileux, ils ont un potentiel forestier important, mais le terrain est très sensible au tassement, nous devons donc prendre des précautions pour débarder », précise Bertrand Blaise, le technicien forestier qui en a la charge depuis 2009. « La majesté des vieilles chênaies m’a impressionné en arrivant ; par exemple, dans la parcelle des Grandes Coupes, les arbres ont entre 130 et 150 ans. »

Ce sont ces grumes d’exception qui sont mises en vente à Beaune en septembre, mais pas tous les ans… faute de glands. « Pendant plusieurs années, nous n’avons pas eu de glandées, explique-t-il, on a donc dû attendre que nos chênes fructifient avant de les couper. On sait qu’avec un climat plus froid, la glandée ne se produit que tous les 7 à 10 ans, mais on pense aussi que les arbres régulent leur production en fonction de ce que le gros gibier vient manger sous leurs branches. Car le chêne sème des glands pour se reproduire ; s’il sent qu’ils sont tous avalés, il va avoir tendance à retenir ses fruits de façon à ne pas encourager les prédateurs. Ceux-ci vont donc aller voir ailleurs et le chêne pourra tranquillement relâcher ses glands. » C’est un phénomène, nommé masting, dont on cherche encore l’explication. « Les racines sont des antennes souterraines », rappelle l’éminent botaniste Francis Hallé, qui n’est pas surpris par ces conversations entre végétaux et animaux. Quoi qu’il en soit, Cîteaux est devenue la forêt où les chênes murmurent à l’oreille des sangliers.

 

Retrouvez l’intégralité de l’abécédaire des grandes chênaies de France, et bien plus encore, dans Le chêne en majesté, de la forêt au vin de Sylvain Charlois et Thierry Dussard.

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