Loches, chênaie atlantique et réservoir de glands
9 juillet 2019Paru en octobre 2018, le livre Le Chêne en majesté, de la forêt au vin met en lumière le concept de terroir forestier : un sol et une exposition, une pluviométrie particulière, un ensoleillement spécifique, auxquels il faut ajouter un type d’essences, une densité de plantation et un âge moyen, qui vont influencer le grain et la qualité du bois. La valeur d’une haute futaie de chênes dépend donc de son terroir et de la manière dont elle a été « conduite », dirait un vigneron, ou « gérée », dit l’expert forestier.
Le livre, richement illustré de photographies, dresse notamment, à travers un abécédaire forestier offrant aux lecteurs de nombreux détails géographiques, mésoclimatiques, géologiques et historiques, la liste de vingt-six chênaies parmi les plus belles de France, à l’image de la forêt de Loches.
La forêt de Loches est issue de la réunion en 1791 des bois de la Couronne et de la chartreuse du Liget, deux propriétés contiguës qui constituaient auparavant un seul et même massif. Ses hautes futaies de chênes et ses grandes allées cavalières aménagées pour la chasse à courre confèrent à cette magnifique forêt une atmosphère solennelle et majestueuse. Elle s’étend sur 3 600 hectares au sud-est de Tours, avec des chênes sessiles pour l’essentiel (92 %) et quelques pins sylvestres. Des vallons (Cabaret, Orfonds, Pas-aux-Biches…) contribuent à sa grande biodiversité. Trois d’entre eux sont d’ailleurs classés Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), un label toutefois moins restrictif que celui de Natura 2000.
Chênaie atlantique, Loches abrite de nombreux oiseaux protégés (faucon hobereau, bondrée apivore…), ainsi que des salamandres et tritons. Cerfs, chevreuils et sangliers, évidemment, y jouissent d’une futaie régulière, située entre 75 et 140 mètres d’altitude. Plusieurs parcelles sont même identifiées pour assurer la récolte des glands et la conservation génétique du chêne sessile. En outre, 25 hectares sont préservés en îlots de vieillissement où les arbres sont récoltés plus tardivement, à 300 ans voire au-delà. Aux yeux de certains forestiers, Loches est encore plus belle que la forêt de Tronçais, car elle bénéficie d’une gestion plus dynamique.
Retrouvez l’intégralité de l’abécédaire des grandes chênaies de France, et bien plus encore, dans Le chêne en majesté, de la forêt au vin de Sylvain Charlois et Thierry Dussard.