Bitche, domaniale et communale
21 février 2019
Le massif de Bitche, en Moselle, compte 19 000 hectares de forêt domaniale et plus de 1 000 hectares de forêts communales.
Paru en octobre 2018, le livre Le Chêne en majesté, de la forêt au vin met en lumière le concept de terroir forestier : un sol et une exposition, une pluviométrie particulière, un ensoleillement spécifique, auxquels il faut ajouter un type d’essences, une densité de plantation et un âge moyen, qui vont influencer le grain et la qualité du bois. La valeur d’une haute futaie de chênes dépend donc de son terroir et de la manière dont elle a été « conduite », dirait un vigneron, ou « gérée », dit l’expert forestier.
Le livre, richement illustré de photographies, dresse notamment, à travers un abécédaire forestier offrant aux lecteurs de nombreux détails géographiques, mésoclimatiques, géologiques et historiques, la liste de vingt-six chênaies parmi les plus belles de France, à l’image de la forêt de Bitche.
Le massif de Bitche, en Moselle, compte 19 000 hectares de forêt domaniale et plus de 1 000 hectares de forêts communales. Une configuration que l’on retrouve souvent dans l’Est de l’Hexagone. Les forêts communales sont nombreuses en France (2,5 millions d’hectares, soit 16 % du territoire) et sont la plupart du temps gérées par l’ONF. « Le Pays de Bitche est en fait composé de sept forêts qui s’étendent d’est en ouest et forment une partie du Parc naturel régional des Vosges du Nord. Le chêne, à une très large majorité sessile, fait jeu égal (30 %) avec les hêtres et les pins », précise Franck Jacquemin, le directeur de l’agence ONF de Sarrebourg. Cette importance des résineux s’explique par l’annexion allemande de la Lorraine après 1870, au cours de laquelle les forestiers d’outre-Rhin ont planté ces essences rapides. Mais aussi par la pauvreté des sols sableux, mélangés à des grès vosgiens.
Les collines prononcées sont entaillées par de nombreux cours d’eau, avec environ 960 millimètres de pluie par an, pour une altitude moyenne de 350 mètres. « C’est une très belle forêt, confie un acheteur. Ce ne sont que des petits lots et on ne sort qu’un ou deux camions de bois par an. Mais quand on met le coin dedans, le chêne se fend en douceur. » Il s’agit d’une chênaie de type continental où les glandées sont irrégulières, avec toutefois un profil intermédiaire atlantique. Les tourbières constituent un territoire très giboyeux et les chasseurs peinent à contenir cerfs et sangliers. Le maire d’Éguelshardt, dont le nom vient du vieil allemand Hard, « forêt à pâturages », a déposé sans succès une candidature pour obtenir le label Forêt d’exception de l’ONF, mais le Pays de Bitche est classé réserve de biosphère par l’Unesco. Une expérience menée en 2002 dans le cadre de Chêne de tonnellerie 2000 a permis d’établir que les chênes de Bitche sont « particulièrement favorables à l’élevage du cépage syrah ». Cette étude porte sur deux cent quatre-vingt-huit arbres prélevés dans « l’ensemble des massifs susceptibles de produire du merrain » (voir Bois de tonnellerie, éditions du Gerfaut, page 115).
Retrouvez l’intégralité de l’abécédaire des grandes chênaies de France, et bien plus encore, dans Le chêne en majesté, de la forêt au vin de Sylvain Charlois et Thierry Dussard.