Métiers de la merranderie #1 – Cuber c’est gagner !

Le cubage des grumes*, c’est la première étape de la merranderie. C’est sur le parc que se dessinent, notamment, les futures barriques.

Les grumes arrivent par camions sur le parc des merranderies du groupe, directement depuis la forêt. À Murlin, à Varzy (Nièvre Merrain), à Saint-Martin-du-Puy (Ateliers du chêne) ou encore chez Tonnelleries Merranderies Réunies en Charente… Un à un, le grumier dépose le bois sur le parc en fonction des provenances. Chaque grume est identifiée avec une carte munie d’un code-barres. Un numéro de traçabilité qu’on retrouvera jusqu’au parc où le merrain mature.

Ici, du bois venu de Centre-Loire, plus loin, de l’Allier, des Bertranges, de Tronçais. Les grumes sont triées par origines. Pas de répit pour les braves. C’est par tous les temps qu’il faut réceptionner les grumes, qu’il pleuve, qu’il neige, ou qu’il vente. Sous le soleil aussi, et ce n’est pas le plus facile, comme le souligne Tonio, sur le parc à Murlin depuis plus de 30 ans… Chez Maison Charlois, merranderie historique avec laquelle tout a commencé, Tonio est au pied à coulisse. Mètre en main, il scrute chaque centimètre de chaque grume. Avec le mètre, il détermine la longueur, avec le pied à coulisse, il détermine son diamètre. Il estime la quantité de merrain dans chaque pièce. Ces données sont rentrées dans un pad, avec le numéro de traçabilité de la grume. Il guète le moindre défaut. C’est un peu lui qui va dicter ce qui va se passer dans la journée en merranderie. Il vérifie si la grume est bien droite de fil. S’il y a des nœuds, des picots, des défauts. Un travail pour lequel l’œil et le toucher sont essentiels. D’un coup de bombe de peinture, le cubeur va diviser la grume en billons de 95, 100, 105 ou 110 centimètres en fonction de la longueur de douelle souhaitée. Pour les plus belles grumes, on peut compter jusqu’à une dizaine de billons. Du bois de qualité merrain destiné à fabriquer les barriques pour les vins et les spiritueux. Les autres parties de la grume seront valorisées en bois d’œuvre, en traverses ou valorisées en externe, notamment comme combustible pour alimenter les chaufferies urbaines.

Photographie 1 © Christophe Deschanel

Photographies 2 et 3 © Stéphane Ebel

*Une grume est un tronc d’arbre prélevé qui a été débarrassé de ses branches et de son feuillage, mais qui n’a pas encore été débité en quartiers, planches, poutres ou autres produits de sciage. C’est le tronc d’arbre brut tel qu’il est après prélèvement en forêt, avant toute transformation industrielle ou artisanale.