5 – La Forêt en Nivernais – Écorceur
5 avril 2018
La cinquième carte postale de la série « La Forêt en Nivernais », imprimée à partir d’une photographie de Raoul Saulnier d’Anchald, met en scène un bûcheron occupé à écorcer un chêne. L’écorce était généralement prélevée sur des troncs ou branches d’arbres relativement jeunes (entre 10 et 25 ans) car la concentration en tanin y est maximum.
Lorsque le taillis comptait une proportion suffisante de chênes, l’exploitant d’une coupe décidait de façonner de l’écorce, et, dès la montée de sève de printemps, le bûcheron devenait écorceur. Celui-ci découpait l’écorce par une entaille circulaire, puis, par une entaille longitudinale et à l’aide d’un écorçoir, il détachait un « canon » d’écorce. Les canons étaient ensuite bottelés avant d’être expédiés dans les moulins à tan où l’écorce était broyée.
Les tanneries étaient d’importantes consommatrices de poudre d’écorce de chêne pour le travail du cuir car le tanin contenu dans l’écorce a pour propriété d’empêcher le pourrissement des peaux. Les peaux étaient ainsi mises à macérer dans un bain de tanin végétal, dans des cuves ou fosses spéciales, comportant trois phases essentielles : le gonflement, la pénétration, la fixation.
Achille Millien agrémente la carte postale « Printemps VI – Ecorceur » de vers sur cette activité forestière soumise aux aléas climatiques car le froid, en ralentissant la montée de sève, rend l’écorçage plus difficile : « Avril est au calendrier / Mais on dirait que Février / Souffle encore. Froide est la sève / Et l’écorce n’obéit pas : / Il faut peser avec les bras / Pour qu’elle cède et se soulève. »