2 – La Forêt en Nivernais – L’entaille
15 février 2018La seconde carte postale de la série « La Forêt en Nivernais » met en scène un bûcheron pratiquant une entaille d’abattage sur un arbre de la forêt des Bertranges. Cette action, consistant à réaliser une sorte de charnière de pivotement, permet au bûcheron de guider l’arbre dans sa chute. Le diamètre des arbres laisse penser que le bûcheron évolue dans une futaie au stade de perchis (diamètre à 1,30 m entre 10 et 20 cm) ou de haut perchis (diamètre à 1,30 m entre 20 et 30 cm).
Lorsqu’Achille Millien et Raoul Saulnier d’Anchald œuvrent conjointement à la réalisation de leur projet de collecte des pratiques et activités des travailleurs de la forêt, le secteur forestier est essentiel pour la Nièvre puisqu’en 1886 il fait vivre directement plus de 4% de la population du département (patrons, chefs d’exploitation, employés, commis, journaliers et leurs familles respectives). Quelques années plus tard, en 1904, les syndicats de bûcherons nivernais comptent 9000 membres, soit près de 3% de la population. Entre octobre et avril, les bûcherons sont par ailleurs rejoints par de nombreux journaliers, travaillant dans les fermes à la belle saison.
Toutefois, d’un point de vue économique, le bois de chauffe l’emporte alors sur le bois d’œuvre et les taillis sur les futaies depuis les sévères coupes à blanc pratiquées dès le 17e siècle pour la métallurgie. En 1908, Imbert de la Tour calcule ainsi que les bois nivernais ne rapportent plus que 19 francs par hectare en moyenne, contre 48 francs dans les Vosges et 39 francs dans les Landes.
Achille Millien agrémente la carte postale « Hiver VI – Abatage d’un arbre – L’Entaille » d’un quatrain teinté de romantisme : « Il n’abritera plus les nids dans la ramée / De son tronc jeune et déjà fort : / Sous l’effort de l’homme pygmée / L’arbre entaillé va tomber mort ! » Tandis que les vers de la carte postale « Hiver VII – Abatage d’un arbre – La Chute » résonnent avec force et fracas : « La vie et la mort. – Eternel combat ! / Un siècle fait l’arbre, une heure l’abat. »