Incendie de Notre-Dame de Paris
18 avril 2019Face à la tragédie et alors que les deux tiers de la charpente de Notre-Dame de Paris ont disparu dans l’incendie de la cathédrale, les propositions de dons se multiplient en France et à travers le monde.
Face à la tragédie et alors que les deux tiers de la charpente de Notre-Dame de Paris ont disparu dans l’incendie de la cathédrale, les propositions de dons se multiplient en France et à travers le monde. Les promesses de dons affluent en effet de toutes parts et atteignent déjà, moins de 24h après le dramatique incendie, plusieurs centaines de millions d’euros. Cet élan de générosité s’explique par le rayonnement international de l’édifice, véritable joyau du patrimoine de l’humanité, fréquenté chaque année par plus de 13 millions de visiteurs.
L’ampleur de la catastrophe a conduit Sylvain Charlois à proposer un don de grumes de chênes pour participer à la reconstruction de la charpente incendiée de Notre-Dame.
La construction de la charpente de Notre-Dame, surnommée « la forêt » et dont les dimensions donnent le vertige (100 m de longueur, 13 m de largeur dans la nef, 40 m dans le transept et 10 m de hauteur), a nécessité plus de 1.300 chênes. Les chênes utilisés pour les charpentes du chœur et de la nef ont été prélevés en forêt il y a plus de 1000 ans tandis que ceux du transept et de la flèche sont plus récents car assemblés au milieu du 19e siècle lors de la grande campagne de restauration de la cathédrale sous la direction de Viollet-le-Duc. Les charpentes du 19e siècle se distinguent par leurs dimensions plus imposantes et plus espacées que celles du Moyen Âge.
Georges Lambert, chercheur honoraire au CNRS et expert en datation et en dendrologie du bâti ancien, indique que la charpente de Notre-Dame a été entièrement réalisée en chêne et qu’elle comporte « de nombreux troncs entiers, assez élancés, venant de forêts assez denses, et assez jeunes » et des entraits* « massifs ». Les pièces majeures mesurant « sans doute entre 40 et 50 centimètres de diamètre ». « Les chevrons provenaient de « tiges » (terme employé pour qualifier des troncs assez rectilignes généralement pas trop gros) de diamètres modérés. Il était inutile de surcharger l’édifice par des bois délibérément surdimensionnés. » Concernant l’âge des arbres utilisés, Georges Lambert affirme que « l’âge moyen des échantillons du groupe du XIIIe siècle est de 80 ans, ce qui nous conduit à émettre un âge moyen de l’ordre de 100, maximum 120 ans (il manque des cernes sur les carottes). Quelques pièces sont néanmoins manifestement plus vieilles : trois arbres pourraient avoisiner les 200 ans. » Yannick Le Digol, expert en dendrochronologie, confirme ces informations en précisant que les bois les plus âgés étaient réservés à certaines pièces, comme les entraits de charpente.
Plus que le diamètre des grumes de chêne nécessaires à la reconstruction de la charpente de Notre-Dame, c’est donc leur longueur qui risque de poser problème dans la mesure où certaines pièces de la charpente, tels les entraits ou les chevrons, ont été taillées dans des billes de 15 mètres pour les premiers et de plus de 12 mètres de longueur pour les seconds.
Sylvain Charlois précise ainsi que « pour constituer un stock de grumes de chêne de cette qualité, en quantité suffisante, il va falloir plusieurs années » afin que les grumes nécessaires à la formation de ce stock ne mettent pas en difficulté d’approvisionnement les acteurs de la filière bois et que les prélèvements de bois restent inférieurs à la production biologique des forêts françaises. Le Groupe Charlois a donc pris la décision de commencer à constituer ce stock de grumes qualité charpente dès mardi matin sur l’ensemble de ses sites de production. Cette initiative attend à présent l’approbation des autorités en charge du monument (Ministère de la culture, DRAC Île-de-France et Philippe Villeneuve, architecte en chef chargé des travaux à la cathédrale Notre-Dame) afin de répondre au mieux aux besoins du futur chantier de reconstruction.
Enfin, en appelant toutes les bonnes volontés de la filière à l’aider à assembler ces grumes de chêne, Sylvain Charlois a proposé d’être « le réceptacle » pour stocker la quantité de bois nécessaire, notamment sur son site historique de Murlin, dans la Nièvre, aussi siège du groupe. L’initiative montre l’élan de générosité de chacun et semble plus que jamais porter ses fruits aux vues des nombreuses propositions de dons de grumes de chêne déjà reçues par le Groupe Charlois et de toute la filière bois qui s’organise également pour répondre à l’éventuelle demande si elle se présente. Et qui sait, la future charpente de Notre-Dame de Paris sera peut-être constituée de chênes provenant de l’ensemble des départements français afin de souligner que ce monument emblématique appartient plus que jamais à la Nation toute entière et à chacun de ses citoyens.
Aujourd’hui la question se pose d’une reconstruction à l’identique ou d’une éventuelle interprétation contemporaine. Le Groupe Charlois reste donc à disposition des autorités compétentes en cas de besoin.
*Un entrait est une pièce de bois horizontale formant la base d’une ferme de charpente.
Visuel : http://www.notredamedeparis.fr/la-cathedrale/architecture/la-charpente/