Fanny Piccot, responsable de l’atelier de tri de Maison Charlois, racontée par Stéphane Ebel
7 novembre 2024Évoquer le prénom de Fanny, c’est évoqué Pagnol, ça sent le sud, la garrigue, Aubagne et le chant des cigales. Ici, à Murlin, nous avons notre Fanny à nous. Fanny Piccot. Elle n’a peut-être pas l’accent du midi, mais elle a le sourire qui chante.
« Je me sens bien ici, chez Charlois. J’aime bien ce que je fais ». D’emblée, le ton est donné. Fanny, c’est un peu le rayon de soleil en prod’. Elle a toujours le sourire. Fanny, elle est chez Charlois depuis sept ans. « Je suis arrivée un peu par hasard, parce qu’il fallait bosser. Mon rêve à moi, c’était l’armée ou la gendarmerie. J’ai même tenté la Garde républicaine ». Un rêve que Fanny a touché du bout des doigts, voire un peu plus. À 16 ans, elle suit une préparation militaire pour entrer chez les chasseurs alpins. Après avoir obtenu son bac et son permis, c’est finalement vers la gendarmerie qu’elle se dirige, à Tulle. Trois mois intenses d’école, de formation, de terrain. Trois mois couronnés de succès puisqu’elle est reçue à l’ensemble des épreuves. Ce sera la gendarmerie, option maître-chien. « J’étais contente. Dans la même année, le bac, le permis, le concours de gendarmerie ». Tout semble sourire à Fanny. Tout, ou presque. À trois semaines de la quille, une sérieuse blessure à la cheville va venir contrecarrer les plans de la jeune gendarmette. « Ils m’ont tout simplement dit de rentrer chez moi. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps ce jour-là », se souvient-elle. Retour au bercail, chez ses parents à Courcelles. Priorité, se soigner, après, trouver du boulot.
Intérimaire de famille
Comme souvent, c’est vers l’intérim que se tournent les jeunes pour trouver du boulot. « Je voulais surtout gagner de l’argent », précise Fanny. Adecco Cosne l’envoie chez Maison Charlois. « C’était il y a sept ans, je n’avais pas prévu de rester. Puis finalement, je me suis dit pourquoi pas. Je me sens bien ici, c’est une belle entreprise. Une entreprise qui sait faire confiance à ses salariés ». Prise en main par Patrick Donzé, aujourd’hui retraité, Fanny apprend vite le bois, le fonctionnement et l’organisation de la Grecon*. C’est le genre de personne sur qui on peut compter. Courageuse, volontaire, curieuse, l’envie d’apprendre et de progresser… doucement, mais sûrement. Sans brûler les étapes. Fanny, c’est une des deux filles à bosser à la prod à Murlin. Et, ce n’est pas tous les jours facile. « J’ai vite été mise au parfum. Beaucoup de mes collègues avaient fait le pari que je ne resterai pas, que je ne tiendrai pas le coup. Je me faisais les ongles (c’est encore d’actualité), j’étais maquillée (elle l’est toujours), j’étais féminine (elle l’est encore) ! Eux sont partis, et moi, je suis toujours là », sourit-elle. Toujours là, toujours à la Grecon, mais avec un galon de plus.
Bienveillance et professionnalisme
Après le départ à la retraite de Patrick Donzé, l’historique, Fanny a fait valoir son intérêt pour le poste de responsable de la Grecon auprès des RH. « J’y suis allée un peu au culot, c’est vrai. Mais le poste m’intéressait. J’aime bien ce côté organisation, rigueur, méthode… C’est aussi ce qui m’attirait dans l’armée et la gendarmerie ». Sa candidature est retenue. Elle est désormais responsable de l’équipe chargée de trier, d’écourter, de corriger les défauts de chaque palette de merrain qui arrive de l’atelier de fente Maison Charlois. « Il faut les empiler, pas n’importe comment, les scanner pour leur bonne traçabilité, les attacher… avant d’aller sur le parc à maturation. C’est un travail minutieux qui nécessite la plus grande attention, dans la continuité de ce qui est fait en amont par les collègues de l’atelier de fente ». Et voilà notre Fanny première femme responsable d’un atelier de première transformation. « C’est une belle reconnaissance pour moi, j’en suis fière. Chaque jour je donne le meilleur de moi-même. Ce n’est pas facile pour une femme, qui plus est jeune, de manager une équipe 100% masculine, mais ça se passe bien. Il faut savoir prendre le temps de parler, d’écouter en même temps que de diriger et organiser. Beaucoup sont plus anciens que moi, ils connaissent le travail. À l’inverse, ceux qui arrivent, c’est à moi qu’il appartient de les former. Je rends ce que l’on m’a donné. C’est un cercle vertueux ».
Trois questions à Fanny :
Fanny, vous êtes l’une des deux femmes à travailler dans un atelier de production à Murlin, comment le vivez-vous ?
Plutôt bien. Je préfère travailler avec des hommes d’ailleurs. Ça n’a pas été facile au début, il faut faire sa place, se faire accepter. On se voit tous les jours, huit heures par jour, alors autant que ça se passe bien et que l’ambiance soit bonne. C’est l’une des conditions qui contribue à un travail de qualité. J’aime bien que les choses soient calées, carrées.
Comment avez-vous connu Charlois ?
Avec la boîte d’intérim. J’habitais près de Varzy, je passais souvent devant Nièvre Merrain. Je me disais, tiens, ils font du bois ici. Je ne connaissais pas du tout Charlois. Mais j’ai vite appris à connaître et à apprécier l’entreprise. Pour moi, c’est la plus belle boîte du département. Je suis fière d’en faire partie.
Et quand Fanny ne travaille pas ?
Et bien, Fanny fait plein de choses. « Déjà, je m’occupe de mes trois chats, des chats errants que j’ai récupérés et élevés au biberon et je pratique assidûment la pétanque au sein du club de Pouilly, en double mixte. Avec mon binôme, nous avons quelques titres de champions de la Nièvre à notre palmarès et deux participations aux championnats de France à Toulouse et Brive. J’ai aussi pratiqué le tir de précision à la carabine, une discipline que j’ai découverte grâce à mon grand-père maternel. Et prochainement, j’envisage de me rendre enfin sur l’île de La Réunion où se trouve la famille de mon père. Je n’y suis encore jamais allée. Alors en 2025, c’est décidé, je prends l’avion direction l’Océan Indien. »
*Nom donné au bâtiment dans lequel le merrain est trié, écourté et empilé avant d’aller sur le parc à bois pour maturer. Ce nom est celui de l’ancienne machine utilisée dans ce bâtiment.
Photographie © Christophe Deschanel