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Vignobles atypiques

Les « entonnoirs » du vignoble de la Geria (Lanzarote, Îles Canaries)

16 mai 2019

Confrontés à des conditions climatiques défavorables et à des sols stériles en surface, les habitants de l’île volcanique de Lanzarote ont mis au point il y a près de 300 ans un ingénieux système de culture de la vigne permettant notamment de pallier le manque de précipitations.

Confrontés à des conditions climatiques défavorables et à des sols stériles en surface, les habitants de l’île volcanique de Lanzarote ont mis au point il y a près de 300 ans un ingénieux système de culture de la vigne permettant notamment de pallier le manque de précipitations.

Une partie du vignoble de Lanzarote a en effet été installée sur des dépôts volcaniques datant des éruptions du Timanfaya entre 1730 et 1734 après lesquelles de fins graviers noirs (lapilli) et des cendres ont recouvert le sol sur une épaisseur comprise entre un et trois mètres. Au sud d’Arrecife, la capitale de Lanzarote, dans le vignoble de la Geria, les viticulteurs ont creusé des entonnoirs (hoyos) de plusieurs mètres de diamètre, ou des tranchées (zanjas), afin d’atteindre la terre plus argileuse située sous la couche de cendres et ont planté des ceps qui développent leurs racines dans le sol sous-jacent resté humide. Cette technique (appelée enarenado) permet de cultiver la vigne sans irrigation dans une région soumise à une intense insolation et qui reçoit à peine 150 ou 200mm de pluie chaque année. La couche de cendres joue le rôle de paillage minéral qui réduit l’évaporation tandis que les lapilli s’imbibent des maigres précipitations.

Lorsque la couche meuble est peu épaisse et que l’entonnoir n’est pas très profond, les viticulteurs ont complété le dispositif de protection de leurs vignes en construisant des murs en blocs de lave de forme circulaire ou semi-circulaires qui protègent chaque cep des vents brûlants et desséchants en provenance du Sahara.

Cette technique de culture de la vigne a façonné des paysages extraordinaires au milieu d’un décor lunaire où les vignes représentent, par petites touches de couleurs, le seul signe apparent de la présence d’une vie végétale. Sans le vouloir, l’homme a ainsi créé, à l’échelle d’un paysage, une véritable œuvre d’art ayant inspiré de nombreux artistes dont César Manrique, apôtre du land art et natif de l’île de Lanzarote.

 

Pour en savoir plus :

https://www.persee.fr/doc/rgpso_1276-4930_2002_num_14_1_2803

http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/ed-06-08/010044526.pdf

 

Visuel : George Steinmetz

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