Les vignobles nivernais – La Charité-sur-Loire
20 décembre 2019« Histoire des vignobles » est une série d’articles qui présente l’histoire des vignobles de France et du monde.
Comme bien souvent dans l’histoire des vignobles du monde, le vignoble charitois s’est développé sous l’impulsion des communautés religieuses (Clunisiens de l’abbaye de la Charité-sur-Loire et Cisterciens de Bourras) au cours du Moyen Âge.
Le vignoble a par la suite atteint son apogée au 19e siècle avant que la notion de quantité ne l’emporte sur celle de qualité. Les vignes couvraient par exemple 693 ha en 1788, 1 384 ha en 1874 et 1 643 ha en 1886 autour de La Charité-sur-Loire. Cette forte expansion s’est faite par la plantation massive de Gamay, qui favorisait des rendements importants, mais peu qualitatifs. Dans son Étude des vignobles de France (1868), et même s’il ne fait pas explicitement référence au Gamay, Jules Guyot offre d’ailleurs une description assez critique des vins produits dans la Nièvre : « Excepté à Saint-Père et à Saint-Loup (canton de Cosne), où les vins sont bons, se gardent et se transportent, les vins de la Nièvre sont durs et verts ; ils se gardent peu. On y vendange beaucoup trop tôt et on cuve beaucoup trop longtemps. J’ajoute ici que les cépages différents sont beaucoup trop nombreux dans les mêmes vignes. »
La crise du phylloxéra porta un coût fatal au vignoble charitois qui ne se relèvera d’ailleurs réellement qu’un siècle plus tard. D’abord confronté au mildiou entre 1886 et 1888, le vignoble est en effet quasiment intégralement détruit par le phylloxéra entre 1890 et 1894. En 1899, le vignoble a ainsi perdu 96% de sa superficie et les vignes ne couvrent plus que 64 ha.
Même si des dizaines d’hectares de vignes sont replantés au début du 20e siècle, la véritable renaissance viticole de la région de La Charité-sur-Loire est amorcée en janvier 1980 par la création de l’Union viticole de La Charité. La reconnaissance parvient ensuite par le décret du 22 janvier 1986 qui délimite une aire de dénomination, circonscrite à La Charité et à cinq communes alentours (Chasnay, Nannay, La Celle-sur-Nièvre, Raveau et Parigny-les-Vaux) et donne vie aux Vins de Pays des Coteaux Charitois. Le Chardonnay et le Pinot noir remplacent alors le Sauvignon et le Gamay trop productif.
Le vignoble obtient par la suite l’IGP Côtes de La Charité et s’étend aujourd’hui sur une cinquantaine d’hectares concentrés à 90% sur trois communes de l’arrière-pays charitois : Chasnay, Nannay et La Celle-sur-Nièvre. Les 10% restants sont dispersés sur les communes de Chaulgnes, Parigny-les-Vaux et La Charité-sur-Loire.
Le cahier des charges de l’IGP Côtes de La Charité précise que « le vignoble présente une situation topographique et méso-climatique très propice à la culture de la vigne […]» et que « la crise phylloxérique a très largement réduit ce vignoble mais cette diminution a permis de centrer la production sur les meilleurs terroirs, les coteaux les mieux exposés et les sols les plus adaptés. Le climat ligérien à nuance continentale qui en automne allie ensoleillement et fraîcheur nocturne convient parfaitement au chardonnay B, pinot gris G et pinot noir N qui atteignent ici une maturité remarquable. Cela confère aux vins charitois cet équilibre et cette complexité qui leur est propre. »
La zone géographique comprend aujourd’hui 19 communes : Arbourse, Beaumont-la-Ferrière, Champvoux, Chasnay, Châteauneuf-Val-de-Bargis, Chaulgnes, Dompierre-sur-Nièvre, Germigny-sur-Loire, La Celle-sur-Nièvre, La Charité-sur-Loire, La Marche, Murlin, Nannay, Narcy, Parigny-les-Vaux, Raveau, Saint-Aubin-les-Forges, Tronsanges et Varennes-lès-Narcy). Autant d’éléments qui laissent supposer que ce vignoble sera probablement amené, dans un avenir plus ou moins proche, à continuer à se développer et ce pour le plus grand plaisir des amateurs de vin.
Photos © C. Deschanel