La méthode Miyawaki
26 novembre 2020Face à l’hyper-concentration de la population mondiale en zones urbaines et face aux changements climatiques, les villes développent de plus en plus de projets innovants pour (re)verdir leurs centres-villes et les zones péri-urbaines. Parmi les méthodes développées ces dernières années pour créer des forêts urbaines durables et résilientes, celle du botaniste japonais Akira Miyawaki a fait ses preuves et rencontre aujourd’hui un vif succès grâce, notamment, à la rapidité de croissance de ces micro-forêts.
Qui est Akira Miyawaki ?
Né en 1928, Akira Miyawaki est un botaniste japonais expert en écologie végétale, spécialiste des graines et de l’étude de la naturalité des forêts. À ce titre, il défend depuis les années 1970 la valeur des forêts indigènes et leur indispensable restauration.
Miyawaki a reçu le Prix Blue Planet* en 2006 pour ses avancées scientifiques capitales en matière d’environnement.
Qu’est-ce que la méthode Miyawaki ?
Miyawaki a développé sa méthode en se référant au principe de la végétation naturelle potentielle** (Natural potential vegetation) qui est la végétation supposée d’un site s’il n’avait pas subi d’influence humaine significative.
Miyawaki propose ainsi de restaurer ou de réintroduire des forêts indigènes à partir d’arbres natifs. Sa méthode se déroule en 4 étapes fondamentales :
1) sélection de 15 à 30 espèces natives
2) fertilisation du sol grâce à des matériaux naturels
3) plantation de 3 à 5 arbres au m2
4) paillage et entretien pendant 3 ans
Les essences autochtones sélectionnées ont en mémoire, dans leur patrimoine génétique, plusieurs réchauffements et refroidissements climatiques et possèdent donc une meilleure résilience face au changement climatique. Les écosystèmes de Miyawaki, proches de celui des forêts primaires, agissent par ailleurs comme des puits de carbone en absorbant le CO2 de l’atmosphère.
Après trois ans, les arbres font environ 3 mètres de hauteur et, à ce stade, la forêt n’a plus besoin d’entretien mais d’une simple surveillance pour l’accompagner dans son évolution.
Pour quels résultats ?
Les forêts plantées selon la méthode Miyawaki sont jusqu’à 30 fois plus denses qu’une plantation d’arbres classique et 100 fois plus riches en biodiversité. Cette densité et cette biodiversité créent un écosystème stable et résilient.
Par ailleurs, là où il faudrait 150 à plus de 500 ans (selon les conditions écologiques) pour parvenir à la restauration aboutie d’une forêt, la méthode Miyawaki permet généralement d’atteindre le stade terminal de l’évolution d’un écosystème (climax) en une trentaine d’années.
Les micro-forêts natives*** de Miyawaki, souvent plantées sous forme de bandes boisées, se développent plus vite grâce à l’interaction entre les plantes et aux synergies qu’elles développent entre elles, avec une croissance d’environ 1 mètre par an.
La méthode Miyawaki n’est aujourd’hui plus cantonnée aux zones urbaines. On constate en effet la multiplication des projets dans les territoires ruraux avec quelques libertés néanmoins par rapport à la méthode du botaniste japonais comme l’abandon de la règle des 3 à 5 arbres au m2 trop coûteuse à l’échelle de parcelles de plusieurs milliers de m2.
*Le Prix Blue Planet, créé en 1992 par la Fondation Asahi Glass, est remis chaque année par le Prince et la Princesse Akishino du Japon. Ce prix récompense des personnes ou des organisations pour leurs contributions visant à résoudre les problèmes environnementaux à l’échelle mondiale.
**Carte de la végétation potentielle de la France, par. Sophie Leguédois, Jean-Paul Party et alii.
***Une forêt native est un écosystème qui se rapproche le plus possible de ce qu’il aurait été sans interventions de l’Homme.
Visuel 1 : Micro-forêt plantée à Witney, Royaume-Uni © D.R.
Visuel 2 : Planter une micro-forêt Miyawaki © Toulouse Territoire en Transition
Visuel 3 : Bande boisée le long du périphérique parisien © D.R.