Exposition : L’art du tonnelier
22 février 2018
L’espace d’exposition la Grange met à l’honneur l’art de la tonnellerie, et, par extension, celui de la merranderie, à travers la présentation d’œuvres issues des collections Charlois. Cette exposition plonge le visiteur au cœur de l’univers du tonnelier et de ses gestes immuables tout en précisant l’importance des interactions entre le fût et son contenu, entre le chêne et le raisin.
L’espace d’exposition la Grange met à l’honneur l’art de la tonnellerie, et, par extension, celui de la merranderie, à travers la présentation d’œuvres issues des collections Charlois. Cette exposition plonge le visiteur au cœur de l’univers du tonnelier et de ses gestes immuables tout en précisant l’importance des interactions entre le fût et son contenu, entre le chêne et le raisin.
Initialement conçu comme un simple contenant destiné à faciliter le transport et le stockage des liquides, le tonneau apparaît en effet comme essentiel dans le processus de vinification, en permettant aux crus d’exception d’atteindre l’excellence.
Les premières études scientifiques à avoir révélé les apports du bois au vin au cours de l’élevage sont celles menées par Louis Pasteur. Dans ses Études sur le vin (1866), le savant met en évidence le phénomène d’oxygénation ménagée et précise que « l’usage des tonneaux de bois, usage qui entraîne […] une aération lente et sensible du vin, est nécessité bien plus par les conditions du vieillissement du vin que par la commodité que peut présenter cette nature de vases pour le conserver. Des vases imperméables de verre ou de terre cuite ne conviendraient pas. Le vin y resterait vert à moins de très-fréquents soutirages. »
Depuis les années 1970, de nombreuses études scientifiques ont confirmé le rôle déterminant du bois de chêne sur le vin, notamment dans l’évolution des composés phénoliques des grands vins rouges de garde. Les résultats de ces expérimentations ont ainsi donné un second souffle à la tonnellerie française, alors durement concurrencée par les contenants en béton ou en inox.
L’élevage en fût de chêne apporte donc une plus grande complexité et une plus grande richesse aromatique et tannique au vin, mais également aux spiritueux et aux eaux-de-vie comme le Cognac, l’Armagnac ou le whisky. C’est la révélation du « mystère de l’universelle concordance » exprimé par Joseph de Pesquidoux dans un article de L’Illustration (1927) à propos de l’Armagnac et des chênes noirs de la région : « Le tonnelier exerce ici un sacerdoce. Habile à discerner le fil du bois, sa pureté et son grain, il s’attache à son odeur. Nos chênes fendus ont leur odeur propre […] comme si ce chêne et ce cep […] étaient destinés de tout temps l’un à élaborer et l’autre à recueillir cet élixir. »
(Gravure de Jean Duplessis-Bertaux)